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1751 - L’Oncle Jacques

  • Publié : 20 avril 2015
  • Mis à jour : 30 octobre 2024
Jacques Bouvet (lithographie de Courtois et Aubert, Academie Salesienne)

Jacques Bouvet, dit l’Oncle Jacques, est né au hameau d’Urine, le 29 décembre 1751.
A l’époque, ce hameau appartenait au Biot, c’est pourquoi les Biotins le considère comme originaire de la commune du Biot.
Le curé Bouvet, refuse pendant la révolution de prêter serment, et se trouve inscrit sur la liste des déportés. Durant plusieurs années, il se cache des agents de la garde nationale, trouvant des abris sûrs dans le bois du Ferley, situé tout près, se déguisant en multiples personnages, en utilisant un sifflet en ivoire pour appeler les gens à la prière, et célébrant les messes dans les communes avoisinantes (Biot, La Vernaz, la Forclaz). En 1794, il est arrêté à Thonon et emprisonné, mais les habitants de nombreux villages aidés par les Thononais le délivrent.


Jacques Bouvet dit l’Oncle Jacques du Biot (1751-1829)
Un missionnaire intrépide pendant la Terreur

Jacques Bouvet illustre dans l’historiographie du XIX siècle comme dans l’iconographie, la figure du "confesseur de la foi » celle du prête réfractaire ayant exercé un culte clandestin. Fils de Claude Francois Bouvet et Charlotte Dentand, Jacques-Francois est né au Biot, section d’Urine, le 29 septembre 1751 à été baptisé le lendemain par J. Bouvet (vicaire). En 1774, le conseil du Biot lui livre un certificat pour aller étudier à Turin, « étant informé d’ailleurs qu’il n’est pas en état de faire la dépense tant pour son cours, que pour faire graduer, en égard tant à la modicité de ses biens, qu’au nombre de deux frères, d’une sœur et de sa mère d’un âge très avancé. Le syndic et les conseillers accordent audit sieur Bouvet le présent certificat pour lui aider à profiter de la place de médecine gue l’on a appris être vacante dans le collège des Provinces pour celle de Chablais et le sieur Jacques Bouvet est admis à la place dans le Collège des Provinces de la royale Université de Turin déclarent et certifient que ledit feu Claude-François Bouvet n’a délaissé aucun bien, et que ceux de la Charlotte Dentand mère dudit sieur Jacques Bouvet peuvent tout au plus valoir la somme de 1500 livres, dont le revenu, toutes charges foncières et intérêts des capitaux affectés sur iceux payés se réduit à peine a 40 livres annuellement, laquelle somme n’est pas suffisante pour entretenir ladite Charlotte Dentand d’un âge fort avancé et infirme de près de 15 ans, deux autres fils et une fille qu’elle a. Le conseil accorde au sieur Jacques Bouvet avec plaisir pour lui aider à profiter de tous les privilèges accordes  »*
Il devient docteur en théologie et en droit a Turin en 1777. Ordonné prêtre le 29 mai 1779, on le rencontre comme professeur de théologie et préfet du collège de Rumilly dans les années 1780.

Durant les évènements révolutionnaires le Rd Bouvet est député du Biot à l’assemblée des Allobroges à Chambéry. Mais il refuse de prêter le serment exigé du clergé tout en refusant d’émigrer. Il revient dans sa région natale aux environs de Pâques 1793 et mène une pastorale clandestine avec, le. soutient de la population. Il se tient d’abord tout à fait caché chez lui au hameau d’Urine. Quelques personnes seulement dignes d’une grande confiance, peuvent aller à la messe qu’il dit chez lui, la nuit. Il finit néanmoins par être vendu. Une troupe de soldats arrive pendant la nuit autour de la maison et tire quelques coup de fusil sur des femmes qui attendent auprès de la maison pour se faire confesser. Les soldats fouillent la maison, mais ils ne peuvent trouver M. Bouvet. Un de ses frères est pris pour lui et conduit au Biot avec des mauvais traitements. Les soldats volent à l’occasion une chèvre et d’autres petits objets dans sa famille. Un autre jour, ils prennent des registres et les ornements qu’ils portent chez le sieur Mudry. Mais au moyen de quelques livres de beurres, on peut se les faire rendre.

Depuis lors, l’Oncle Jacques, son nom de guerre, devient plus connu. Il dit la messe dans la chapelle du Promerat ou dans quelques maisons. Lorsqu’il y a un mort, il va assez souvent dans la maison dire la messe et faire les prières liturgiques pour la sépulture. Il dit assez souvent la messe les dimanches et fêtes, d’abord à minuit dans la paroisse du Biot, ensuite à La Vernaz, puis à La Forclaz ou au Lyaud. Il y prêche en même temps, entend des confessions, administre les sacrements, en un mot fait le service paroissial. autant que possible. Tous les registres de ces paroisses sont même tenus par lui. Il voyage toujours habillé en gros paysan, portant une serpe, une hache, une corde ou autres meubles de paysan. Il a eu le courage d’aller administrer la femme et la mère des plus méchants révolutionnaires du chef-lieu du Biot (les Mudry dit Commissaires) et cela, pendant les temps les plus orageux. La tradition rapporte que la charité de ce digne prêtre ne le cède en rien à son zèle. On l’a vu soigner lui-même, à la Dimerie, hameau de La Baume, le pied d’une pauvre fille attaquée d’une plaie tellement infecte que la pourriture a consumé le pied de la patiente avant de lui donner la mort. Un jour, il a pris chez lui deux veaux qu’il a mené à une veuve du Lyaud, qui avait perdu toutes ses vaches. Les pieux fidèles lui donnent beaucoup, mais il garde peu. Il va surtout au secours de ses confrères plus nécessiteux que lui.
Sur la fin 1794, Jacques Bouvet vient se refugier dans les environs de Thonon, surtout à Armoy et au Lyaud. Il connait dans ces deux localités des refuges secrets, des cachettes. Il fait connaissance à Thonon de plusieurs dames à la fois ardente, qui font preuve d’un grand zèle à secourir les prêtres proscrits (Mlle Charmot, Collet, de Saxel et Mme Arpin). M. Bouvet compose une confrérie de tout âge, de tout sexe et toute condition qui peut seconder son action. Chaque mois, il la convoque dans la cure d’Armoy ou dans un vieux château appelé "Dubin" qui se trouve à Tully, sur le bord de la Dranse, ou à Concise dans la maison de M. Favrat. Au commencement de la réunion, chaque prêtre serment de la manière suivante en faisant le signe de la croix sur le front. " Mon divin Sauveur, je vous serai fidèle jusqu’à la mort ; en le faisant sur la bouche ; je vous confesserai toujours , et en le faisant au cœur ; conservez votre amour dans mon cœur". Une personne est chargée de visiter les personnes agrégées tous les trois mois. Afin d’être facilement connue, elle porte in costumes particulier, composé d’u chapeau rond, couvert d’une toile cirée, d’un habit bourgeois, d’une culotte, de guêtres de peau et d’un fouet de maquignon. M. Bouvet dit souvent la messe à Armoy. Il a soin de prévenir les fidèles qui, rassemblés dans différentes maisons, se rendent aux saints mystères au son d’un sifflet que notre zélé missionnaire apporte toujours avec lui.
En 1795, il a notamment baptisé à Armoy 60 enfants au cours d’une cérémonie qui a duré trois heures.
Il finit par être arrêté et incarcéré à Thonon. Mais il est arraché des prisons par ses fidèles en décembre 1799. Après le Concordat, en août 1803, le Rd Bouvet est nommé à Annecy. Il recoit la visite régulière des habitants de la vallée, qui viennent chercher conseil ou se plaindre, et notamment ceux de La Vernaz en conflit avec leurs cirés à la Restauration.
Il s’éteind à Annecy, 1829, chamoine de la cathédrale et curé de l’église Saint-Maurice.

*DHS, E dépôt Le Biot, BB1, délibérations, 20/07/1774 , •