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Les hottes en bois

  • Publié : 6 mars 2024
  • Mis à jour : 18 mars 2024
M. Pollien de Nicodex, un des derniers fabricants de hottes

Les hottes en bois, outils pratique à usage multiple , sorte de sac tyrolien qui servait à transporter les pommes de terre, les légumes, le blé, de la terre et même des enfants ! En 1972, André Ruffin, instituteur rencontre Edmond Pollien, fabricant à Nicodex, qui lui confie les secrets d’une hotte de qualité. Les hottes courantes mesurent 0,6 m de hauteur. Elles ont une ouverture de la partie supérieur de 0,5 m par 0,45 m. Le fond en bois de hêtre mesure 0,33 m par 0,20 m pour une épaisseur de 1,2 cm. L’armature de l’objet est composée de cinq montants de frêne et de 18 en épicéa. Pour préparer ses montants, l’artisan s’assoit à califourchon sur un "banc d’âne" (ion bet d’ane en patois), utilisé également pour la fabrications des manches de fossoirs ou de haches, mais aussi comme établi pour divers travaux. Sur ce banc, le fabriquant affine les montants en travaillant de l’extérieur vers son ventre.
On fixe d’abord les cinq montants de frêne. on y attache le gabarit en bois (mouarle) avec de simples ficelles. Sur le fond, des trous sont percés à la chignole pour ficher les montants d’épicéa. Le travail se poursuit sur des lamelles de noisetiers (rampanne ou côutè). Sur chaque branche écorcée, l’artisan pratique une encoche au couteau. Puis il la saisit à deux mains et effectue sur le côté à l’encoche une poussée avec le genou. On voit alors une lamelle de 10 à 16 cm se détacher. Il continue ainsi de suite des poussées avec le genou sur toute la longueur de la branche. Cette lamelle de noisetier est amincie et lissée à l’aide d’une sorte de rabot à deux lames, (le keuté r’pario). la rampanne est passée entre ces deux lames. Ce travail fastidieux oblige à protéger le pantalon avec un morceau de cuir attaché par une ficelle. L’artisan tresse ensuite de facon ordinaire, passant entre le montants jusqu’au 4/5 e de la hauteur de la hotte. A ce niveau, il continue par l’adjonction d’une tresse décorative en osier de couleur verte pour les hottes vendues aux tourisme, en noisetier cuit au four pour les hottes courantes. Puis il continue le tressage jusqu’en haut.
Au sommet, le tressage est fait d’une banche entière de noisetier. Non écorcé. il est mis à cuire dans l’ancien four à pain du village de Nicodex, pendant 5 minutes. Alors que la branche est encore chaude, elle est tressée en arrachant l’écorce au fur et à mesure pour éviter un refroidissement trop rapide du bois. Pour les cordons de transport, Edmond Pollien utilise de la viorne (ou mâleseurre). Dans la partie supérieure, il enfile ce cordon au niveau de la décoration entre deux montants en s’aidant d’un poinçons de bois dur. Il emboîte l’autre bout dans un trou spécialement prévu dans le fond de la hotte et l’arrête par un nœud. La hotte est terminé.

En 2008, son frêre René Pollien déclarait qu’avec Edmond et leur père, il leur était arrivé de confectionner jusqu’à 200 hottes cinquante an plus tôt, qu’ils vendaient dans les foires.


A. Ruffin, Cinq essences pour une hottes, Nature et Patrimoine en Pays de Savoie, n°27, mars 2009, p 4-5